Le projet AwartMali vise à contribuer au changement de perception et de comportement des personnes qui voient dans la migration irrégulière vers l’Europe, la seule solution possible à leurs problèmes économiques.
La production théâtrale a pour objectif de sensibiliser et d’informer sur les risques de l’émigration irrégulière en touchant 5 endroits différents dans la capitale Bamako, la petite ville de Kati et 14 villages dans les communes rurales de Diago, Diogare, Kambila et Yeleboukegou.
La présence dans les villages et le débat entre le public et les acteurs constituent le deuxième temps fondamental dans le « théâtre de sensibilisation », on promeut le débat sur le thème de la migration et se présente l’occasion de fournir des informations sur les opportunités économiques existantes au Mali qui peuvent constituer une alternative concrète au choix de partir (et à celle de retourner).
Le spectacle est né d’un projet de Maurizio Schmidt pour le théâtre, réalisé avec l’Espace culturel Gambidi d’Ouagadougou (Burkina Faso) et la mise en scène de Luca Fusi.
La pièce engage une compagnie de théâtre composée de 9 acteurs et musiciens de différents pays d’Afrique occidentale. Le texte d’Ildeverd Meda –auteur, acteur, intellectuel de premier plan de cette région- a été construit à partir des improvisations des acteurs autour du thème et des interviews réalisées au Mali, en Italie et en Espagne par Maurizio Schmidt.
Le titre, « Tonka », signifie « l’aventure » en bambara et est le terme le plus utilisé pour se référer au voyage du migrant, que ce soit dans d’autres pays africains ou vers l’Europe (on part à « l’aventure », et on part toujours).
Dans le spectacle, un groupe de migrants rapatriés raconte leurs mésaventures en utilisant les différents langages théâtraux : la parole, le mime, la danse et la musique en direct, qui accompagne et guide le récit selon la puissante tradition mandingue.
Le texte souligne l’importance de traiter le thème : parler de migration, écouter les migrants et leurs aventures, dans le plus grand respect des courageux qui se sont exposés aux risques et aux humiliations, et de ceux qui ont choisi de rentrer, expliquer, projeter un nouvel avenir dans leur pays.
Le début du spectacle est confié au pouvoir littéraire du célèbre incipit de « Se questo è un uomo » de Primo Levi, pour la première fois traduit en bambara : se rappeler et raconter est important, ce qui s’est passé peut se reproduire.
On reprend ainsi les thèmes les plus forts qui ressortent des interviews et qui reviendront dans le documentaire en préparation : les problèmes économiques qui sont à l’origine de l’émigration (concrètement le rapport entre la production de fruits et légumes et la variation des prix), les dynamiques familiales, mais aussi l’attraction pour l’image d’eldorado que l’Occident de lui-même; le départ, le piège du désert, la décimation au cours du voyage, l’arrivée en Libye, les violences; et la mer, le naufrage, le dépaysement à l’arrivée, l’affrontement entre rêve et réalité. Enfin, le retour, l’humiliation, mais aussi le réconfort possible du récit et de la rencontre avec les compagnons d’aventure.
Le spectacle d’une heure et 15 minutes est d’un grand impact émotionnel et suggestion visuelle, les histoires et les courts monologues entrelacent la langue française et le bambara, qui sont reprises par des mouvements chorégraphiques et mimiques qui les rendent immédiatement compréhensibles.