Modibo déçu de ses parents restés au pays


L’argent de cet émigré d’un village de Kayes était destiné au travail de la terre. Il faisait des envois de fonds à ses parents. Il ne se doutait pas que ces envois se présentaient comme un frein à l’épanouissement de sa famille (restée au village) puisqu’ils démotivaient le travail agricole en créant les conditions d’une situation d’assistanat. Sa famille était dépendante de son argent. Elle ne faisait rien pour s’affranchir de l’aide venant de Modibo installé à Paris. De fait, les pressions du chef de famille envers cet émigré sont importantes, ce dernier visant généralement à s’assurer des envois d’argent réguliers et exagérant souvent, dans ce but, la situation alimentaire dans sa maison.

Mais, malheureusement, il ne savait pas que depuis les grandes sécheresses qui ont amplifié son émigration, la terre ne rend plus ou pas assez pour assurer la sécurité alimentaire de sa famille au village. Les quelques initiatives visant à pratiquer une agriculture moderne (périmètres irrigués sur le fleuve Sénégal notamment) permettent éventuellement un certain revenu, mais la seule garantie de leur pérennité réside, généralement, dans l’aide financière de Modibo (pour remplacer une motopompe en panne ou pour alléger le coût des intrants agricoles, par exemple).
Par la suite, Modibo a perdu son emploi en France. Il n’arrivait plus à assurer ses dépenses quotidiennes à plus forte raison envoyé l’argent à ses parents. Finalement, il lui est arrivé l’idée de retourner au pays. Cependant, il a été déçu d’apprendre que ses multiples envois d’argent n’ont pas permis à sa famille d’émerger financièrement.

Il a compris que son émigration n’a servi à rien et qu’il n’a travaillé que pour asseoir l’assistanat dans sa famille restée au village.